lundi 7 avril 2008

Naître dans le bon pays

Jour après jour, Alex et moi sommes confrontés aux inégalités de la vie. Des inégalités, il y en a partout... même à Montréal mais c'est encore plus frappant ici à Dubai.

Prenez par exemple le cas des ouvriers Indiens. Ils gagnent environ 600 dirhams par mois (environ 150$ CAN). Ils sont logés dans des roulottes de construction situées juste à côté de leur lieu de travail. Pendant des mois, ils cogneront des clous, couleront du ciment, seront suspendus à des échafauds au gros soleil, 6 jours sur 7. Puis, depuis quelques mois, Dubai voit arriver une nouvelle main d'œuvre encore meilleure marché, les Sri lankais, qui eux, gagneraient apparemment 300 dirhams... faites le calcul...

Disons que c'est beaucoup d'effort pour pas beaucoup de revenus. Et pourtant, il semblerait qu'ils réussiront a en envoyé une bonne part à leur famille restée en Inde. D'ailleurs, on devine qu'ils s'ennuient de leur famille, de leurs enfants, quand ceux-ci envoient un clin d'oeil ou un tata à Yana. Alex se promenait avec notre petite samedi dernier et un Indien s'est approché d'elle, les yeux remplis d'eau... pensant sûrement à ses propres enfants qu'il ne reverrait pas avant un bon moment.

Au chapitre des histoires qui arrachent le cœur, il y a aussi les nanny des Philippines. Elles aussi abandonnent maris et enfants... et elles, s'est pour aller s'occuper des enfants des autres. La plupart seront ici à Dubai pour deux ans. Les plus chanceuses pourront retourner une fois dans leur pays auprès des leur pour une courte semaine. Une me racontait qu'elle a laissé ses deux enfants alors qu'ils étaient âgés de deux et quatre ans. C'est sa mère qui s'en occupe. Elle leur parle par Internet une fois au deux semaines. Je lui demandais pourquoi elle ne leur parlait pas plus souvent et pourquoi n'utilisait-elle pas l'accès internet des parents de la petite qu'elle gardait. Elle m'a répondu qu'elle n'avait pas osé leur demander et que le seul café internet qu'elle connaissait était à plus d'une heure d'autobus... Allo les parents!! un peu de compassion svp... C'est tellement frustrant. Les Philippinos sont toutes très gentilles, facile d'approche et très vaillantes. Elles travaillent à temps plein les jours de semaine comme nanny et cherchent des jobs ponctuelles les weekends : ménage, gardiennage, etc. Elles ne disent jamais non et toujours gardent le sourire entre deux appels sur leur cellulaire qu'elles ne gardent jamais bien loin.

Tous, Indiens Pakistanais, Sri Lankais, Philippinos, sont convaincus que leur sacrifice de venir travailler ici rapportera à leur famille et qu'il permettra à leur enfant d'aller à l'école. On leur souhaite. On leur souhaite aussi que leurs enfants hériteront de leurs belles valeurs : débrouillardise, dévotion et acharnement et qu'ils n'auront pas à s'expatrier, à leur tour, loin de leur famille.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Julie, Alex, Jana,

J'ai apprécié beaucoup vos images et photos. L'an dernier j'ai vu un reportage français, à caméra cachée, qui rapportait presque mot pour mot vos propos, alors j'en déduis que c'est la vérité toute crue et tellement dure, plusieurs appellent ça de l'esclavage.

La jolie petite Jana ressemble à sa tante Isa au même âge, joues en moins, dans le sous-sol d'Edmond et Vic. lors d'un déballage de cadeaux, un 1er janv., il y a 32 ans environ. Elle lève les bras en soupirant: "y en a trop"...Les ressemblances génétiques me fascinent beaucoup...j'ai une photo de l'événement.

Le commentaire d'Isa est vraiment celui d'une architecte, ça m'a fait rire...

Pour un dépaysement, c'est réussi!!!!!!

Je vous souhaite un bon séjour. Vous faites de beaux et bons parents.

Un gros câlin à tous.

Bisous XXXXXXXXXXXX Céline.

Anonyme a dit…

L'histoire ne fait que se répéter. Les grands empires se sont construits avec le sang et la sueur de leurs esclaves.

Ton témoignage, Julie, est profondément troublant. Il faut une incroyable dose de courage et d'amour pour accepter de travailler à des salaires misérables coupé de tout lien familial. Ces gens sont admirables.

C'est le visage caché et sacrifié de la mégalopole.

Bisous d'amourxxxxxxxxxx

Aline et Bernard